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Au-delà du mal, le blog des thrillers.

4 juin 2014

Interview Exclusive de Gilles Legardinier

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Gilles Legardinier fait partie de ces auteurs qui n'est plus utile de présenter. Ses romans Demain j'arrête, Complètement cramé, ont été de grands succès. Ses thrillers aussi.

Le temps d'une interview, Gilles a répondu à mes questions. Les voilà. Régalez-vous.


 

Vous êtes l’auteur de succès tels que (entre autres) Demain j’arrête !, Complètement cramé !, mais aussi de deux thrillers : L’Exil des anges et Nous étions les hommes. Bon, tout le monde vous connait, mais pouvez-vous quand même vous présenter ?

Vous avez tout dit ! Qui je suis importe peu. Ce qui compte, c’est ce que je fais. Je suis quelqu’un qui écrit dans tous les registres en espérant distraire ceux qui en ont envie.

La comédie et le thriller. Dans lequel de ces deux genres êtes-vous le plus à l’aise et pourquoi ?

Aucune préférence. A chaque fois, ce sont des histoires qui me tiennent à cœur et que j’ai envie de partager. J’aime la comédie pour le contact qu’elle me permet avec le public, et j’aime les thrillers pour les contacts qu’ils me permettent avec des vrais pros lorsque je fais mes recherches.

Comment naît et se développe une idée de roman ? C’est rapide, ça prend du temps ?

Mes romans naissent toujours d’une émotion. Ensuite, je laisse vieillir ces embryons dans ma tête pendant environ deux ans, histoire de vérifier si cela tient la route et mérite que l’on dérange les lecteurs avec. Ensuite je développe, et l’écriture n’intervient que comme la concrétisation physique du tout.

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Vous savez qu’Au-delà du mal, le blog des thrillers, se consacre aux thrillers ! Alors qu’est-ce qui, selon vous, fait la force d’un bon thriller ?

Si quelqu’un avait la recette, ça se saurait ! Le secret d’un bon livre ou d’un bon film, c’est d’avoir une bonne histoire valorisée à sa juste mesure. Je n’intellectualise pas trop le processus d’écriture. Sinon, ça devient au mieux du boulot bien fait. Il me faut plus, j’espère toujours de l’émotion dans l’imagination.

Une journée d’écriture à la Gilles Legardinier, c’est comment ? Avez-vous des petites habitudes, un lieu fétiche pour écrire ? Papier-stylo, Pc ?

Je me lèvre à 3 h 00. Douche, 3 h 30 devant l’écran d’ordinateur, et je travaille jusqu’au petit déjeuner avec les miens. Après, je suis disponible pour mes autres métiers, pour le cinéma et pour les gens. Je suis zen parce que j’ai déjà fait ce que je préfère d’abord !CVT_Nous-etions-les-hommes_5363

Vos lectures dépendent-elles du genre sur lequel vous travaillez ? Car j’imagine que la lecture tient une place importante dans votre vie, non ?

Je vais vous confier un secret. Je ne lis pas. Ma femme lit énormément et me passe deux ou trois livres par an. Je suis plus du genre à cuisiner qu’à manger. Je n’ai pas besoin de l’imaginaire des autres pour m’évader ou m’inspirer. Parfois, il m’arrive de lire les livres de mes collègues, mais parce que je les aime humainement d’abord.

Quels sont vos auteurs incontournables ?

Dumas, Verne, King, Hemingway, Faulkner… tous les vrais conteurs imaginatifs capables d’émotion.

Quel livre (qui n’est pas de vous :)) auriez-vous aimé écrire et pourquoi ?

Le code civil, pour être enfin utile.

Une question que j’aime poser aux auteurs ! Pour ou contre le numérique ?

C’est un débat qui me dépasse. Mon job est d’imaginer les histoires pour les lecteurs. Si on le fait bien, ça prend du temps. On a besoin des vrais libraires, des prescripteurs. Mais je rappelle à tout le monde que lorsque la télévision est née voilà plus d’un demi-siècle, il y a eu des crétins d’ « experts » pour assurer que le cinéma ne survivrait pas deux ans. Encore bravo les mecs ! Ça donne envie de faire confiance à vos descendants. Quel que soit le moyen, les gens qui voudront ressentir seront là. Et c’est pour eux que je bosse.

On arrive à la fin. Merci d’avoir joué le jeu ! Une dernière pour la route. Travaillez-vous sur un prochain livre ? Si oui, offrez-nous un scoop !!! On adore les scoops !

Ma prochaine comédie est prête, prévue pour le 9 octobre. Mon prochain thriller est prêt, on attend de savoir quand il est possible de le sortir. J’ai beaucoup de projets…

Je suis un garçon raisonnable, il y a peu de scoops dans ma vie. Merci de votre intérêt pour mon travail et à bientôt !

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30 mai 2014

Shakespeare n’a jamais fait ça de Charles Bukowski

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Un jour je suis tombé sur un livre. La couverture était jaune et on voyait dessus une espèce de femme avec des ailes de papillons. Elles étaient rouges, comme les roses sur lesquelles cette femme reposait, légèrement cambrée. L’auteur était un certain Bukowski, et sa photo en quatrième de couverture représentait un type d’un âge avancé. Je l’ai lu et je me suis demandé qui était cet auteur capable de décrire de telles situations, d’aborder de tels sujets. Un ami m’a dit qu’il s’agissait d’un écrivain Américain connu, aimé ou détesté, appelé plus communément Le gros dégueulasse. Comme j’avais adoré son livre, j’ai décidé de commander tous les autres. Dans les jours qui ont suivi, ils me sont arrivés par la poste, dans un seul et même gros carton. Au même moment, les éditions 13e notes annonçaient qu’ils en sortaient un inédit. Je l’ai trouvé et c’est par lui que j’ai commencé mon marathon Bukowski.

Shakespeare n’a jamais fait ça n’est autre que le carnet intime de Henry Chinaski (alter ego de l’auteur), parti en tournée promotionnelle en France puis en Allemagne, avec son épouse du moment, Linda Lee. Tout le monde connaît l’émission de Bernard Pivot, la très célèbre Apostrophes. Et bien sûr tout le monde connaît celle où, complètement ivre, face à un Cavanna agacé, le célèbre auteur Américain Charles Bukowski, quitte le plateau. N’est-ce pas ? Et bien c’est sur cela que s’ouvre ce livre, ce journal, ce document, ce roman…

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Bukowski disait : « Comment un type qui ne s’intéresse à presque rien peut-il écrire sur quoi que soit ? Eh bien, j’y arrive. J’écris sur le reste, tout le temps : un chien errant dans la rue, une femme qui assassine son mari, les pensées et les sentiments d’un violeur à l’instant où il mord dans son hamburger ; la vie à l’usine, la vie dans les rues et les chambres des pauvres, des invalides et des fous, toutes ces conneries, j’écris beaucoup de conneries dans le genre… »

Voilà pour les présentations.

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Bukowski écrivait sur tout et savait le faire. Il était hors norme, déjanté, alcoolique, mais terriblement fabuleux. Il savait changer son quotidien en littérature et même s’il exagérait parfois, tout restait plausible car cela sortait de sa bouche, de sa plume, et qu’on lui pardonnait tout. Dans Shakespeare n’a jamais fait ça, ne vous attendez pas à lire un roman qui changera votre vie, ni rien de ce genre. Attendez-vous seulement à lire un livre qui vous donnera l’envie furieuse de vous diriger vers d’autres bouquins portant ce nom Américain : Charles Bukowski

28 mai 2014

Micro-critique de Dur comme l'amour de Larry BROWN

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Dur comme l'amour est le troisième livre de Larry Brown paru aux États-Unis. C’est un recueil de dix nouvelles. Dix nouvelles, dix héros. Léo, Lonnie, Leroy, Lawrence, Léon… Ces dix héros on les mêmes initiales, L.B, et ils vivent au fond du Mississippi. Et ils aiment boire de la bière, tous, comme les héros de Bukowski. D’ailleurs, il y fait penser. Larry Brown est un Bukowski tendre qui mérite d’être davantage connu. Mort en 2004, Larry Brown a laissé une œuvre assez courte, mais d’une qualité époustouflante. Ses livres parlent de laissés pour compte, de types ordinaires, de femmes infidèles, de sœurs fatales… et cela, toujours avec justesse.

Connaître cet auteur est indispensable. Alors n’attendez plus.

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26 mai 2014

Interview exclusive de Renaud EHRENGARDT de House Made Of Dawn Edition.

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House Made Of Dawn est une maison d’édition numérique spécialisée dans le fantastique, mais aussi dans le thriller et le polar. Renaud EHRENGARDT en est le fondateur et directeur général. C’est un auteur et musicien de talent. Alors qui mieux que lui pour nous expliquer le pourquoi du comment et nous parler de sa maison d’édition, de ses auteurs et de leurs livres.


 

1 – Bonjour et merci d’avoir accepté cette interview. House made of dawn édition, c’est quoi ? Vous êtes qui ? Racontez-moi votre histoire !

House Made Of Dawn est une maison d’édition numérique qui est née il y a moins d’un an. Nous sommes une petite équipe de passionnés de littérature de genre, plus spécialement de Science-Fiction et de fantastique en général. On a commencé avec l’idée de publier nos textes et ceux de nos amis puis on s’est mis à recevoir pas mal de textes.

On est actuellement basés au Mexique, la petite bande s’étant expatriée à peu près au même moment pour des raisons différentes. C’est le coup du hasard mais on s’est retrouvés là-bas.

On publie des Novellas (Collection Courts Lettrages), des anthologies de nouvelles et une poignée de romans.

On a un statut associatif et ça correspond bien à notre état d’esprit. On est moins là pour faire de l’argent que pour faire découvrir de nouveaux auteurs et leur permettre d’être publié de manière sérieuse bien que nous soyons une petite structure. On corrige, on fait les couvertures, on fait la promotion du mieux qu’on peut. On offre un retour même aux textes qui ne seront pas publiés.

2 – Bien que vous soyez spécialisé dans l’édition numérique, vous semblez être un éditeur classique (c’est-à-dire que l’auteur n’a rien à débourser et que vous réalisez un vrai travail d’édition !), ce qui est un énorme avantage pour vos auteurs. Quel chemin y a-t-il entre l’acceptation du manuscrit et la publication de ce dernier ?

Alors, premièrement, il passe par le comité de lecture. On dit oui si :

-Ça correspond à la ligne éditoriale.

-Ca nous plait (c’est évident).

-Le format correspond à ce qu’on publie.

Ensuite, nous corrigeons le texte avec l’auteur. Tout en respectant son texte, on l’améliore du mieux qu’on peut. Puis, nous faisons la couverture toujours avec l’auteur et l’aide de nos illustrateurs.

Pour finir, nous numérisons le texte en PDF, MOBI et EPUB avant de le publier sur notre site, sur Amazon et sur plus de 30 plateformes dédiées au numérique en partenariat avec notre diffuseur, Immatériel.

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3 – Comment choisissez-vous un manuscrit ? Quels sont les critères sur lesquels vous ne faites pas l’impasse ?

Il faut que l’histoire soit originale. Nous sommes noyés dans le marché du numérique qui part dans tous les sens. Il y a une overdose d’auto-publication de qualité très inégale, en provenance d’auteurs inconnus du public.

Si on ne se distingue pas avec des textes de qualité et originaux, alors nous ne sommes qu’un poisson de plus dans l’océan. Il faut proposer au lecteur une expérience de lecture un peu différente. Nous ne publions pas que des textes extrêmement originaux mais c’est ce vers quoi nous tendons de manière générale.

On s’adresse à un public adulte, de connaisseurs de SFFF. Il faut donc les contenter. Pas de teenage vampires chez nous : )

4 – Pouvez-vous nous parler de vos auteurs ? De vos succès ? De vos collections ?

Nos auteurs ont un point commun : ils ne sont pas connus du grand public. Mais ils sont tous intéressants et on croit en eux. S’ils continuent à écrire, on ne doute pas que chacun d’entre eux puisse être repéré par un éditeur papier plus gros. Et c’est tout ce que nous leur souhaitons.

Nos grands succès ont été “Terre zéro” de jean Bury, “10 jours, 10 heures, 10 minutes” de Colin Manierka et “Chroniques de la fin d’un monde” de moi-même : ) Des romans de science-fiction qui ont plu à des lecteurs d’horizons très différents, pas forcément fans du genre. C’est notre plus belle victoire. Faire lire “Terre zéro” à une inconditionnelle de littérature générale et l’entendre dire qu’elle a passé un super moment de lecture.

Nous avons une collection de novellas : Courts Lettrages. A petit prix, pour des lectures rapides et immersives. Nous sortons deux anthologies par an, la prochaine sort bientôt, 10 histoires de post-apocalypse “Sur les ruines du monde”. Et nous avons quelques romans au catalogue, cites plus haut, notamment.

5 – Vous qui êtes à la fois musicien, auteur et forcément lecteur, quelles sont vos plus grandes influences, qu’elles soient littéraires ou musicales ?

Je pourrais en parler pendant des heures ! En vrac : Lovecraft, Led Zeppelin, K.Dick, Smashing pumpkins (mon côté romantique), Bradbury (idem), le punk en general, Converge, Pantera… Il y en a des milliers ! Mais tout cela tourne autour du monde du rock en général. On peut sans doute parler de littérature rock. J’ai vu il y a quelques années un ciné-concert sur “Chthulu” avec le groupe de métal Jenx. La quintessence de tout ce que j’aime!

6 – Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ou de publier ? Et pourquoi ?

La maison des feuilles, de Danielewski. Un vrai chef d’œuvre de fantastique et un enfer à éditer, sans aucun doute! Le livre est construit comme un labyrinthe dans lequel le lecteur se perd en même temps que les personnages qui découvrent dans une maison des couloirs sans fin qui s’enfoncent à des kilomètres sous terre.

La mise en page est le reflet de l’expérience des personnages. C’est génial. Ce livre est une merveille. Il y a de multiples couches de lecture. C’est un livre qui vieillira très bien.

7 – Pour finir, une question que j’ai l’habitude de poser aux auteurs ou éditeurs : quel est votre définition du livre numérique ?

Eh bien, c’est un livre. Je ne vois pas vraiment de différence. On peut me parler de l’odeur et de la texture  des pages et je comprends parfaitement. Mais l’expérience de lecture est dans l’histoire, dans le style, dans l’ambiance, pas dans le support.

Je vous défie de lire “Des souris et des hommes” en numérique et de me dire que c’était moins bien!

 

(Site internet) http://housemadeofdawn.com/

22 mai 2014

Joyland, le dernier grand Stephen King

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Le nouveau livre de Stephen King est un chef d’œuvre absolu et je ne laisserai personne prétendre le contraire.

Devin Jones a vingt et un an et il vient tout juste d’être larguée par une fille dont il est follement amoureux (laquelle refuse d’avoir des relations sexuelles avec lui). Il est embauché dans un parc d’attraction pour l’été, un formidable et très convivial parc d’attraction nommé Joyland. Le problème de ce parc, c’est qu’il a été la scène d’un meurtre atroce. Et que depuis, le fantôme de la jeune victime fait quelques fois des apparitions. Devin décide d’enquêter et fait la rencontre d’une femme (de dix ans son ainée) qui parvient à lui faire oublier la fille dont il fut follement amoureux. Il se lie d’amitié avec son jeune fils, Mike, handicapé et doté d’un don particulier.

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Commence alors le plus touchant des romans écrits par Stephen King. Dans cette histoire-là, l’horreur et l’intrigue sont quasiment inexistants. Mais ça n’est que pour mieux nous surprendre. Car le King, décidément, est le King. Dans Joyland (j’ai envie de dire « à Joyland »), ce sont les sentiments et les émotions qui priment. Ce que ça donne ? Quelque chose de très fort, et pour reprendre l’expression du fabuleux Jean Edgar Casel de La griffe noire, c’est un grand cru ! Car voyez-vous, il existe quatre genres de bouquins. Ceux qu’on ne termine pas. Ceux dont on bâcle la lecture mais qu’on termine quand même. Ceux qu’on termine vite parce qu’ils sont géniaux. Et ceux qu’on fait durer pour ne jamais avoir à les terminer. Joyland fait partie de cette dernière catégorie et ne ressemble à aucun autre. C’est une romance, un thriller écrit par un auteur qui exerce de mieux en mieux son métier.

Rien à rajouter.

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20 mai 2014

En crachant du haut des buildings de Dan Fante

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Dan Fante ? Qui est-il ? Juste le fils de John Fante, probablement l’auteur Américain le plus connu de sa génération. Dan Fante, c’est quoi ? C’est (à mon sens) son père en mieux ! Un type qui a exercé plusieurs boulot avant de vire de sa plume et qui le raconte à la manière du type qui se fout de choquer ou non.

Dan Fante est l’auteur de recueils de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre et de romans mettant en scène Bruno Dante. Il vit actuellement à Los Angeles avec sa femme et a laissé des instructions pour que, à sa mort, ses cendres soient larguées au-dessus de Los Angeles mêlées à des excréments de chiens ! Drôle de type vous me direz ? Oui, mais quel auteur !

En crachant du haut des buildings est un livre comme il ne s’en écrira jamais en France (malheureusement). Une suite de chapitres durant lesquels notre héro alcoolique et malheureux (même suicidaire) tente de survivre de petits boulots en petits boulots. Une chronique, une dérive. Un vrai grand livre qui rappelle forcément le meilleur d’un certain Bukowski.

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Des phrases ponctuées de vérités troublantes, de gros mots qui sont autant de tendresses et d’espoir, pour une histoire qui se termine là où elle avait commencée.

Bruno Dante est un écrivain qui apprend. Un fils qui veut copier son père (un monument) et qui, pour y parvenir, devra se démêler avec la vie, s’en débattre en avançant tout de même. Et pour nous, lecteurs, c’est un régal. Quelque chose d’unique, de sérieux, de comique, de profond…

Dan Fante est un auteur gigantesque, à lire absolument.

18 mai 2014

Chronique d'Incubes d'Anthony Holay + INTERVIEW EXCLUSIVE

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La première chose qui me frappe en commençant le livre d’Anthony Holay, c’est l’atmosphère dans laquelle le lecteur est plongé. Moi, elle m’a rappelé celle du Horla de Maupassant, ce chef d’œuvre inoubliable.

Un jeune couple tente de fuir un drame en passant quelques jours dans une maison isolée, et rapidement, les choses se dégradent…

Niveau écriture, Anthony connaît son métier. Le texte est fluide, c’est droit, et ses phrases sont percutantes : elles s’enchainent à un rythme efficace. Niveau histoire, c’est à la fois classique est original. Car en plus de connaître son métier, l’auteur a du talent. Un indéniable talet de conteur. De quoi ravir le lecteur, quémandeur de frissons et d’angoisse.

Anthony Holay nous promène et on se laisse faire, pétrifié d’effroi par moments, et lorsqu’on pense avoir compris, en fait, on ne sait rien. Le point fort d’un thriller, c’est quoi ? La chute, assurément. Et celle-ci, croyez-moi, vous y penserez longtemps.

Incubes.

Nouvelle exclusivement disponible au format numérique aux éditions House made of dawn.

1 euros (Ne vous en privez surtout pas).


Bonjour Anthony, et merci d’avoir accepté cette interview. Pour ceux qui ne te connaissent pas, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Anthony Holay, j’ai 34 ans et je suis originaire de Normandie. Je réside aujourd’hui en Bourgogne, avec ma femme Aurélie et notre toute jeune fille Manon. Quelques-unes de mes histoires fantastiques sont parues au sein de différents webzines, et je viens de publier un récit horrifique, Incubes, aux éditions House Made of Dawn.

Ton livre, Incubes, et son atmosphère générale m’a immédiatement rappelé un grand chef-d’œuvre de Maupassant, le Horla. Une atmosphère angoissante qui oppresse le lecteur. Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire une telle histoire ?

Eh bien, merci pour la comparaison ! J’ai lu le Horla il y a longtemps, au collège pour être précis, et je l’ai vraiment aimé. L’une des rares lectures imposées qui m’aient intéressé, d’ailleurs… En général, j’adore le fantastique sous toutes ses formes, mais j’ai un faible particulier pour les histoires d’horreur bien sombres. Pour Incubes, je l’ai écrite peu de temps après la naissance de ma fille ; sans trop en dévoiler, je pense pouvoir dire que j’ai reporté dans ce récit toutes les angoisses qui m’avaient assailli durant la grossesse de ma femme… grossesse qui s’est fort bien déroulée, heureusement !

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Au-delà du mal, le blog des thrillers est un site spécialisé dans le thriller (même si je chronique de temps à autres quelques bons livres fantastiques !). Qu’est-ce qu’un bon thriller selon toi ?

Un bon thriller doit pouvoir me tenir en haleine, me donner envie d’aller jusqu’au bout sans faiblir pour, si possible, m’asséner le coup de grâce avec une fin surprenante et inattendue. Pour ma part, j’aime les histoires mettant en scène des tueurs en série froids et implacables.

House Made of Dawn édition est une maison qui publie exclusivement du format numérique. Pourquoi ce choix ?

 Incubes est un livre très court : une novella. Difficile pour l’heure de trouver un éditeur papier acceptant de publier ce genre de format. Les maisons numériques, en revanche, sont moins frileuses : je me suis donc tourné vers House Made of Dawn, car leur ligne éditoriale correspond à mes écrits. Et je n’ai pas été déçu, car il y a une très bonne communication avec Renaud Ehrengardt, le directeur des éditions. Et qui sait ? Peut-être trouverai-je aussi à faire paraître Incubes en papier (avis aux intéressés !)…

Quels sont tes auteurs préférés (auteurs de thrillers, mais pas seulement) et pourquoi ?

Parmi mes auteurs préférés vient en tête Stephen King : c’est par lui que j’ai commencé à lire des histoires d’épouvante lorsque j’étais ado ; il occupe donc une place spécifique. Ensuite, à mi-chemin entre le thriller et le fantastique, je citerais Dean Koontz : j’aime particulièrement ses histoires de tueurs en série. Il y a aussi Masterton, pour l’horreur ; Anne Rice pour ses vampires ; et, dans un registre totalement différent, Robin Hobb pour ses grandes épopées de fantasy qui me laissent pantois !

Quel est le livre que tu aurais aimé écrire ?

Intensité, de Dean Koontz. Voilà un thriller haletant qui flirte avec l’horreur, et que j’ai lu quasiment d’une traite ! Du grand art, selon moi.

Si demain (ce que je ne te souhaite vraiment pas) il ne te restait qu’un livre à écrire, qu’un sujet à traiter, quel serait-il ?

S’il ne me restait qu’un livre à écrire, le titre serait sans doute comment retarder l’inévitable ou alors ooops, déjà ! Plus sérieusement, je ne sais pas vraiment, j’ai tellement d’idées en vrac dans ma tête ; se serait peut-être un livre-jeu, comme les livres dont vous êtes le héros des années 80, car je trouve ça plaisant et amusant à écrire (et à jouer, aussi : j’adore !).

Une journée d’écriture à la Holay Anthony, c’est comment ?

J’aime écrire l’après-midi car je m’y mets facilement : mon esprit tourne à plein régime et j’arrive à me concentrer sans problème – à condition d’être au calme, le silence absolu. Si je tente d’écrire à un autre moment de la journée, j’ai l’impression de me forcer et je suis souvent moins productif. J’écris sur mon ordinateur, mais j’aime avoir une feuille et un crayon à portée de main pour pouvoir griffonner diverses notes (les choses à revoir plus tard, les corrections à apporter, etc…).

As-tu un livre en cours d’écriture ? Si oui, offre-nous un scoop ! Les lecteurs de mon blog adorent les scoops !

En ce moment, je suis en pleine correction d’une nouvelle fantastique. Quelque chose d’assez délirant, une attaque de vampires lors d’un mariage… du gore et un brin de folie, voilà les ingrédients de ma nouvelle histoire !

17 mai 2014

Interview exclusive de Franck Thilliez

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Franck Thilliez est probablement l'auteur de thrillers français le plus talentueux de sa génération, et il n'est plus la peine de le présenter. Avec des titres tels que Train d'enfer pour un ange rouge, Dueils de miel ou encre Puzzle, son dernier roman, il nous plonge dans des univers noirs et passionnants que lui seul est capable de décrire.

Il réponds à quelques questions et tout à la fin, nous dévoile des éléments de son prochain roman qui paraîtra en octobre.

 

 


 

1 - Bonjour Franck. Merci d’avoir accepté cette interview. Vous êtes un maître français du thriller et votre dernier livre, Puzzle, fait bien-entendu parler de lui. Comment vous y prenez-vous pour « accoucher » d’histoires si haletantes, si intrigantes…

C'est un processus très difficile à expliquer, parce qu'il n'y a pas de règle pour qu'une bonne idée arrive ! En même temps, je me vois mal rester dans mon fauteuil et attendre l'illumination. Je fais donc ce que j'appelle une "recherche d'idée active" (ça ne veut rien dire mais bon)... Cela signifie que je cherche, je fouine, en lisant, en surfant sur Internet, en regardant des reportages médicaux, sur la police, même animaliers, etc. ! Bref, j'ouvre mon esprit et lui disant "allez, cherche, cherche !" Parfois, l'idée peut venir d'un paysage (La chambre des morts), d'un personnage (la mémoire fantôme), d'une envie de défi (le huis-clos pour La forêt des ombres ou Vertige), ou de parler d'un sujet qui nous paraît très fort (Les conséquences de désastres nucléaires dans Atomka). Mais dans tous les cas, c'est toujours très compliquer de trouver LA prochaine bonne idée !

2 - Qu’est-ce qui vous pousse à écrire des thrillers ? Pourquoi ce genre vous colle à la peau ?

Parce que j'ai toujours aimé ça ! D'abord en tant que lecteur et spectateur. Je regarde des films d'horreur depuis que j'ai 12 ans, et Stephen King m'a terrorisé. Les mécanismes liés à la peur, au suspense, à l'intrigue, m'ont toujours intéressé. Je me disais toujours "comment ce type fait-il pour m'effrayer alors qu'il est tranquillement installé chez lui, à des milliers de kilomètres de chez moi ? Comment fait-il pour me faire partager ses cauchemars ?" Cette question me taraudait, et je pense qu'aujourd'hui, j'ai des éléments de réponse...

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3 - En ce qui me concerne, je vous ai découvert avec L’encre et le sang, petit livre génial, coécrit avec Laurent Scalese. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Sera-t-elle, un jour, renouvelée ?

C'était vraiment extra de travailler avec Laurent, qui est un ami. On s'est vraiment fait plaisir, on s'est marrés comme des fous à écrire cette histoire. Un jour, on était ensemble à un salon, on prenait l'air pur de la montagne, dehors, et on a commencé à réfléchir à une idée. En une après-midi, on avait la trame de L'encre et le sang ! On est chacun rentré chez soi, on a commencé à écrire des chapitres en se passant le texte comme pour une partie de ping-pong. J'écrivais 2 chapitres, Laurent écrivait les 2 suivants, etc...

Bien possible qu'on renouvelle un jour, oui ! C'est juste une question de disponibilité. L'histoire ne fait qu'une centaine de pages, mais ça prend tout de même un peu de temps à écrire...

4 - Comme une journée d’écriture à la Franck Thilliez se déroule-t-elle ? Des petites habitudes pour accueillir les bonnes idées ?

Dans mon bureau dès 8h00 du matin (souvent avant). Je bosse jusqu'à 17h environ, du lundi au vendredi. Je réserve quand même le week-end à mes proches, même si l'ordinateur n'est jamais bien loin. Ces journées ne sont pas uniquement vouées à "taper des pages sur un clavier", sinon écrire un livre irait assez vite. Non, il y a des recherches, des lectures, des rencontres avec les spécialistes, les chercheurs, des relectures de ce qui a déjà été écrit, de la préparation de trame, je fais des plans (comme à l'école, comme quoi, ça sert !), etc... A un moment vient évidement, quand même, la phase d'écriture pure où, quand tout est près, il faut finalement écrire. C'est comme poser les unes derrière les autres les briques d'une maison. Il y a des phases d'euphorie et d'autres beaucoup moins rigolotes...

5 - Quels sont les auteurs qui vous ont donné envie de vous lancer dans ce métier ? Et quels sont ceux qui, actuellement, vous font encore rêver ? Est-ce les mêmes ?

Je pense souvent à King, Masterton, Jack Ketchum (que peu de gens connaissent mais qui est extra), Jack London... En fait, ce ne sont pas les auteurs qui me font rêver, ce sont les livres qu'ils écrivent. Tout ce qu'on demande en tant que lecteur, est qu'une histoire nous embarque, nous fasse voyager, frissonner, pleurer. Et ce, quel que soit l'auteur, finalement.

6 - S’il ne vous restait qu’un livre à écrire (ce que je ne vous souhaite pas du tout !), quel sujet auriez-vous envie d’aborder ?

Celui d'un auteur qui écrit son dernier roman ! Reste à trouver pourquoi ce sera le dernier, et c'est là que se trouve tout l'enjeu de l'histoire !

7 - Merci d’avoir joué le jeu. Une petite dernière pour la route. J’ai cru comprendre que nous travaillez, en ce moment-même, sur un roman. Alors… heu… on aimerait un scoop !!!

Prochain roman pour octobre, comme d'habitude.

Alors un vrai scoop : On retrouve Sharko et Henebelle, qui vont enquêter sur la découverte d'une fille qui a été retrouvée vivante, et enfermée pendant une année. D'un autre côté, apparaît un nouveau personnage, Camille, gendarme spécialisé dans les scènes de crime, qui est une greffée du cœur et qui se met à faire de bien curieux cauchemars...

Rendez-vous en octobre donc.

8 mai 2014

Ecriture, mémoires d'un métier de Stephen King

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Quand Stephen King décide d’écrire sur sa vie, qu’est-ce que ça donne ? Un grand livre. Un livre que chaque auteur devrait parcourir, ne serait-ce pour le plaisir d’en apprendre davantage sur le métier qui est le leur. Evidemment, l’œuvre et l’esprit de King ont tendance à se diriger vers un genre littéraire bien défini, le fantastique, mais ce livre demeure tout aussi abordable pour les auteurs de comédies ou de thrillers qui y découvriront à coup de sûr un moyen d’enrichir, de développer leur talent, ou tout du moins leur discipline.

La première partie de ce livre que l’auteur a simplement intitulée « CV » est assez représentative de SA propre vie. Il y relate des époques importantes de son parcours de lecteur, et nous parle des écrivains qu’il a découvert et qui ont marqué son existence. Mais aussi (bien-entendu, parce que le King est un fan) des films qui lui ont fait (en parallèle des livres) découvrir le monde de l’horreur. Et croyez-moi, tout ceci est vraiment excitant. D’une prose qui lui est tout à fait propre, Stephen King se remémore, se raconte avec franchise et amour pour son métier. Tout est dit (et c'est un plaisir) sur les auteurs qui, selon lui, sont et resteront indémodable. Quelques noms cités : Richard Matheson, Peter Straub (avec qui il a coécrit deux livres), et bien d’autres, évidemment.

La seconde partie, intitulée « La boite à outils », puis la troisième, « Ecriture » nous expliquent comment s'y prendre pour écrire. à retenir: on apprend alors que la publication est une étape très secondaire dans la vie d’un écrivain. Et que c’en est presque une erreur de parcours. Que, par-dessus tout, l’écriture est un acte qu’il faut envisager pour se faire plaisir, mais que, toutefois (King insiste sur ce point et c’est un passage que j’ai beaucoup apprécié), les autres, c’est-à-dire l’entourage de l’auteur (qu’il soit en herbe ou confirmé) respecte ce choix ! Des horaires d’écriture doivent être définies et respectées, contre vents et marées, quelle que soit l’humeur ou la forme physique, et qu’un nombre de mots minimum est à envisager pour s’y tenir. Un enseignement utile que certains, depuis la parution de ces « mémoires de métier », utilisent (je suis tombé sur des témoignages).

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Pour finir, Stephen King nous raconte l’horrible accident dont il a été victime la troisième semaine de juin 1999 et pour lequel il a bien failli à la fois y laisser sa vie et ne jamais reprendre l’écriture. Un témoignage poignant qui se lit comme une de ces nouvelles dont King a le secret. Enfin, une nouvelle, oui, mais sans la moindre touche surnaturelle. Comme quoi Stephen King est capable de tout. Vraiment de tout.

En résumé, Ecriture, mémoires d’un métier, est un grand livre sur la vie. Sur une passion. Sur un métier : celui d’être écrivain et qui consiste à exister au travers de personnages inventés sans jamais se perdre de vue.

7 mai 2014

Interview exclusive de Michaël Mention

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Michaël Mention est un auteur que j’ai découvert dans un livre qui s’intitule Adieu demain. Ce jour-là, j’ai pris une claque. Le lendemain, j’ai décidé d’interviewer cet auteur. Je devais savoir qui il était, pourquoi il écrivait. Il a répondu à mes questions.

Bonne lecture.


1 - Bonjour Michaël. Merci d’avoir accepté cette interview. Bon, pour commencer et pour ceux qui ne te connaissent pas, qui es-tu?

Bonjour. Alors, j’ai 34 ans, je suis natif de Marseille, amoureux de Toulouse, domicilié à Paris, cinéphile, mélomane (fan de rock, prog, hip hop, électro), batteur lorsque j’ai une batterie et cuistot lorsque j’ai le temps.  

2 - Ton précédent livre, Fils de Sam, a connu un grand succès et continue de faire parler de lui. Qu’est-ce qui t'a poussé à l’écrire ? Ou plus généralement, comment décider du livre qu’on souhaite écrire ?

Heu … « grand succès », je ne pense pas ou alors je n’en ai pas été informé ! Ce que je sais, c’est que le bouquin a été bien accueilli, à en croire les lecteurs un peu partout. Ça m’a d’ailleurs rassuré car c’était la première fois que j’écrivais un True crime, à la croisée de l’essai et du docu-fiction.

Je me suis attaqué au Fils de Sam pour la même raison que j’ai écrit Sale temps pour le pays et Adieu demain à savoir désacraliser des tueurs - aux parcours différents mais soumis au même traitement médiatique qui en ont fait des icônes - pour revenir à l’essentiel : l’humain. S’il existe un fil conducteur dans tous mes bouquins, c’est celui-ci : chercher l’humanité dans la crasse, l’authentique derrière l’artifice.

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3 - Fils de Sam, tout comme Adieu demain, sont tirés de faits réels. Est-ce que cela veut dire que tu préféres la réalité à la fiction ?

Au contraire. Comme pour beaucoup d’auteurs, la fiction est pour moi un refuge essentiel. Le réel est souvent ennuyeux sauf, bien sûr, quand on le vit avec des gens sains dont les qualités transcendent cette réalité. Notre monde m’apparaît de plus en plus soumis au fric et à son culte avec ce que cela induit en aberrations sociales et géopolitiques … un monde déshumanisé où il faut « twitter » si l’on veut être « hype » avant d’aller à un « speed dating » et autres conneries.

Mon attachement à la fiction vient de là : dans mes bouquins - même les plus sombres - mes personnages échangent, communiquent, et vivent pour autre chose que le fric, le cul ou la gloire. Je ne m’intéresse aux faits divers que lorsqu’ils me semblent propices à être sublimés en fiction, car une affaire criminelle n’a rien de réellement passionnant : un coupable, des flics, une enquête et basta. Tout est dans le traitement de cette affaire, dans ce qu’elle révèle sur les mœurs et l’époque.

Par exemple, pour chacun de mes polars, les faits divers ne sont qu’un prétexte pour aborder une thématique : la décadence d’une société dans Fils de Sam, la transition avec Thatcher dans Sale temps pour le pays, la peur dans Adieu demain et il va de même pour mes autres bouquins.

4 - Adieu demain, sorti dans la collection Rivages/noir inédit et qui est ton petit dernier, est la suite de Sale temps pour le pays. Qu’est-ce qui t'a, un jour, amené à écrire sur les tueurs en série ?

À la base, le roman noir n’est pas mon genre de prédilection. Contrairement aux apparences, je n’ai jamais été « cramponné » au thème des tueurs en série. Entre 2001 et 2011, j’ai écrit du fantastique, de l’espionnage, de la politique-fiction et ensuite, j’ai eu besoin de me renouveler.

Comme je l’ai dit précédemment, je n’ai pas le sentiment d’écrire sur les tueurs en série, j’écris en partant d’eux pour cibler autre chose. Et puis, je suis un passionné d’Histoire.Un individu est toujours le fruit de son époque, qu’il soit politicien ou assassin. Nos actes et nos valeurs trahissent notre passé et par extension, notre histoire personnelle qui n’est que la version intime de l’Histoire.

Écrire sur les tueurs m’intéresse uniquement dans le cas où leurs parcours traduisent celui de leur pays. En ce qui concerne les bouquins sur « les tueurs originaux aux crimes bien gores sur lesquels enquêtent des flics divorcés qui se laissent pousser la barbe car ils sont à la dérive », je laisse ça à d’autres … notre époque est déjà vulgaire et racoleuse, je n’ai pas envie d’en remettre une couche.

5 - La peur est une matière intéressante à travailler, non ?

La peur est partout : à la télé (infos), dans la rue (accidents potentiels, agressions), au boulot (conflits avec clients, la direction), dans le couple (longévité) … nous alimentons notre soumission envers elle en cautionnant la vision du monde qui nous est imposée par les politiciens et les médias.

Et quand je dis « nous », c’est que j’ai parfaitement conscience d’être moi aussi l’acteur de mes peurs au quotidien. Ceci dit, la peur est aussi un moteur. À chaque bouquin, j’ai peur de me planter, d’écrire le « livre de trop », de décevoir les lecteurs … et c’est cette peur qui m’amène à chaque fois à me libérer un peu plus en écriture.

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6 - Quand as-tu su que tu allais devenir écrivain, et qu’est-ce que ce mot « écrivain » signifie pour toi?

Je ne l’ai jamais su, c’est arrivé « comme ça » après avoir découvert des livres et des films phares. Enfant je faisais du dessin, ado je réalisais des BD, adulte j’écris des bouquins … peut-être qu’à 50 ans, si j’y arrive, je ferai du cinéma.

Je ne sais pas ce que signifie « être écrivain » et je m’en fous. On parle d’activité ? De vocation ? De statut social ? J’écris, c’est un fait. Après, certains voient en moi l’un des nouveaux « prodiges du polar » alors que d’autres considèrent que je fais de la merde ! Ce qui m’intéresse, bien plus que de me penser « écrivain » ou de méditer sur le sens profond de ce mot, c’est de partager avec les lecteurs.

7 - La musique est très présente dans tes livres. Cela peut-il aussi vouloir dire que tu écris dans une atmosphère très musicale, dénuée de silence ?

La musique est tout pour moi, elle fait partie intégrante de ma vie. Elle a rythmé mon enfance, mes premiers flirts, mes voyages, mes bouquins. J’adore aller dans les festivals de polar (j’y rencontre des lecteurs, j’y retrouve des potes et je m’en fais d’autres) mais au bout de deux jours, la musique que j’aime me manque … surtout quand j’entends du Stromaé ou du Lady Gaga.   

8 - Une journée de travail à la Michaël Mention, c’est quoi ? Existe-il des jours sans écriture ?

Ta question est en lien direct avec celle concernant le statut d’écrivain car, à l’heure actuelle, je me sens plus chômeur qu’écrivain … du coup, j’ai beaucoup de temps pour écrire : en général, je me fais du 8h-20h voire plus (je déteste laisser une action en suspens alors je peux écrire jusqu’à 2 h du mat’). Le midi, je m’interdis de manger car, étant gourmand, j’ai du mal à freiner mon appétit : si je mange trop, j’ai du mal à me remettre au bouquin mais vers 17h-18h, là, j’ai la dalle alors c’est la pause « facebook-madeleines au chocolat » … palpitant, hein ?

Quant aux jours sans écriture, ils sont rares. Lorsque je termine un bouquin, j’ai un cafard énorme, je me sens inutile, nul. Pour moi, une pause entre deux bouquins est avant tout l’occasion de me détendre (essayer, du moins) mais l’envie revient vite : il y a toujours une lecture, un film ou un sujet pour déclencher une nouvelle obsession.  

9 - Tu travailles sur papier ou PC ?

D’abord sur papier où je conçois la structure du bouquin, et après sur PC pour mon « dossier/recherches » et la rédaction. Parfois, il m’arrive de décortiquer des scènes à la manière d’un storyboard, ce qui m’aide à mieux visualiser l’action (oui, c’est un reste de mes années BD). 

10 - La littérature numérique te plaît-elle ?

Alors là, je ne sais pas quoi répondre. Le numérique m’apparait tour à tour comme un gadget ou un progrès. Si ça permet d’ouvrir davantage la littérature et de la rendre encore plus accessible, c’est bien. Encore une fois, tout ce qui m’intéresse, c’est d’écrire. Les questions de statut, de diffusion, de supports … je m’en fous.

11 - Quels sont les auteurs qui t'ont le plus influencé ?

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Nietzsche,Céline, La Fontaine, Ellroy, Peace, Rabelais, Thompson, King, McBain, Camus … la liste est longue. L’été dernier, je me suis enfin mis à Hemingway et En avoir ou pas m’a profondément marqué. Il y a dans ce bouquin un ping-pong permanent entre froideur et émotion. Chez Hemingway, plus c’est désespéré, plus c’est intense.

J’ai aussi été influencé par des réalisateurs comme Louis Malle, Martin Scorsese, Claude Sautet, Michael Mann, Jean-Pierre Melville, John Carpenter … quant à ma passion pour l’humour potache et les jeux de mots pourris, elle me vient de Hara Kiri et de films comme Les sous-doués, que j’adore. La nullité de ce film, en dehors du talent comique de Daniel Auteuil, est touchante puisque spontanée. 

12 - Quel (s) livre aurais-tu aimé écrire et pourquoi ?

Aucun, car j’ai trop conscience des limites de mon écriture. Quand je pense à Ainsi parlait Zarathoustra ou au Grand nulle part, je ne peux décemment pas y associer mon nom … c’est de l’ordre du blasphème.

13 - Ton livre Adieu demain me donne l’impression de « lire » un « film ». Vas-tu, un jour ou l’autre, écrire un film ? Ou peut-être est-ce déjà fait ?

Oui, c’est déjà fait avec un ami acteur/scénariste (Maximilien Poullein). Nous avons scénarisé trois de mes bouquins (qu’il a lui-même traduit) et cette collaboration s’est révélée si passionnante que nous avons conçu une trilogie « pulp » dans l’esprit de Sin city. J’aimerais en parler davantage mais je ne peux pas ou mon cher associé m’étriperait sur le champ … d’autant qu’il commence à passer sur TF1, alors il connaît « des gens » ;)

14 - Une dernière pour la route. Travaille-tu actuellement sur un livre ? Si oui, peux-tu nous offrir un scoop ?! Merci encore et à bientôt !!!

Après Adieu demain, j’ai enchaîné sur un bouquin radicalement différent, très loin des tueurs en série. J’en avais besoin, pour me renouveler. J’ai débuté en écrivant du fantastique et de l’espionnage, j’ai ensuite écrit des polars et là, je change encore … ça m’évite de m’encrouter dans un créneau.

Concernant le prochain bouquin, tout ce que je peux dire, c’est que ceux qui n’aiment pas mon écriture la détesteront encore plus et que je me ferai sans doute pas mal d’« ennemis » en raison du sujet ! Mais ce n’est pas grave, car je suis particulièrement heureux d’avoir écrit celui-ci. Il est terminé depuis deux mois et j’avais prévu de faire une grande pause pour me reposer mais le bouquin ayant trouvé un éditeur, je m’y suis remis pour le peaufiner. Et après, c’est sûr, je fais une pause ! 

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