Terminus Elicius de Karine Giebel
La vie de Jeanne est ponctuée de ces deux seuls trajets quotidien, Istres-Marseille, Marseille-Istres. Elle travaille comme secrétaire dans un commissariat de police, vit chez sa mère, et ce qu’elle souhaite le plus au monde, c’est un sourire, un regard du grand et beau capitaine Esposito. Puis un matin, assise à la place qu’elle emprunte chaque jour dans le même train, Jeanne met la main sur une enveloppe qui contient une lettre qui n'est destinée qu'à elle. La lettre ? Ecrite des mains d’un sérial killer, celui-là même que le capitaine Esposito et son équipe traque inlassablement depuis des semaines. Commence alors entre la jeune femme et le tueur en série une amoureuse et très correspondance. Jusqu’où cela peut-il mener Jeanne ?
L’idée est folle, mais tient la route. Au début, on se demande ce qui prend à cette jeune femme d’accepter l’inacceptable, c’est-à-dire d’écrire à ce tueur fou, cachant à son propre collègue, le capitaine Esposito, que l'homme qu’il traque depuis des semaines est en réalité à portée de main. Le problème, c’est que Jeanne est seule, si seule depuis que Michel est parti. Michel était tout pour elle et sans lui, qu’est-elle devenue ? Une ombre à laquelle personne ne s’intéresse. Une ombre sur laquelle personne ne prend le temps de se retourner. Une ombre que personne ne voit, même pas Esposito, ce si beau capitaine, le seul dont, au fond, elle soit amoureuse. Alors voilà, Jeanne décide de laisser parler le tueur, ce type dérangé, affreux, inhumain qui, pourtant, à l’air si seul. Comme elle. Jeanne décide que ce sera lui et lui seul qui connaitra son amour. Sauf que les crimes ne s’arrêtent pas et qu'au contraire, ils s’accélèrent. Je le répète, l’idée est folle, complètement, mais tient la route. Ce livre est le premier d’une auteure fantastique, douée, féroce mais toujours juste. Lorsqu’on débute une telle lecture, on doit forcément s’interroger, chercher où l’auteure compte nous mener, et dans ce cas-ci, chercher ne sert à rien. Il vaut mieux se laisser emporter, comme une feuille, et garder du souffle en secours, pour ne pas en être à court vers la fin, quand tout démarre vraiment, quand l’écriture se déchaine et nous fait passer un sale quart d’heure.
D’une prose qui est toujours la même, concise, rapide, efficace, Karine nous livre ici un roman qui est un film. Un film que vous lirez jusqu’à la dernière page. Marrant, non ?