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Au-delà du mal, le blog des thrillers.
31 mars 2014

INTERVIEW EXCLUSIVE de Caroline Lépée, fondatrice des éditions de l'épée

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Caroline Lépée est la fondatrice des Editions de l'épée, depuis 2012. Un catalogue riche en thrillers m'a dirigé vers elle, et je l'ai questionnée. Elle nous présente ici ses auteurs et nous parle des livres qu'elle publie.


 

Question 1 : Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions. Mon blog « Au-delà du mal, le blog des thrillers » s’intéresse exclusivement au genre « thriller » et vous avez publié Des nœuds d’acier de Sandrine Collette, en version numérique, qui est, à mon goût, un des grands thrillers de ces dernières années. Nous y reviendrons. Pouvez-vous me présenter votre maison ? Ainsi que vos auteurs ?

Merci à vous de me donner l’occasion de parler de mes auteurs ! Le premier livre des Éditions de l’épée est paru il y a bientôt deux ans, en mai 2012 : c’était Les Ames rivales de René Manzor, un thriller surnaturel qui a rencontré un beau succès. Mon idée, en créant cette maison un peu spéciale, était de lancer des auteurs français en numérique, tout en passant des accords avec des éditeurs papier renommés afin de donner la meilleure chance possible aux auteurs de rencontrer leur public. C’est ainsi que René Manzor est paru chez Kero, Sandrine Collette chez Denoël, et bientôt Lafani& Renault au Livre de poche.

Question 2 : Vous ne publiez qu’une dizaine de titre par an. Pourquoi cette limite ?

Dix titres par an, c’est même un maximum : j’essaie de faire du « sur-mesure » pour mes auteurs, et entre le travail sur le texte, les démarches commerciales et la promotion, je n’aurais pas le temps de m’occuper de plus de livres.

Question 3 : Certains de vos auteurs (tels que Laurent Scalese ou René Manzor, pour n’en citer que deux) sont, ou sont restés en tête des ventes d’Amazon pendant de longues semaines. Que ressent un éditeur à ce moment précis ?

C’est un des bons moments de la vie d’éditeur ! Même si ce n’est pas le meilleur, car le sentiment le plus fort, c’est quand on se rend compte en lisant un manuscrit qu’on le trouve génial, qu’on le veut absolument et qu’on sait déjà comment on va en parler aux lecteurs.  Les deux exemples que vous citez sont très différents : Laurent Scalese est un auteur bien connu dans le monde du polar, qui m’a confié les droits numériques de ses trois premiers romans, pour leur donner une nouvelle vie. Avec succès ! René Manzor, lui, publiait son premier roman, et les lecteurs nombreux sont venus confirmer ma certitude : l’univers unique de cet auteur a toute sa place dans la création française.

Question 4 : Vos livre sortent à la fois en version papier, et en version numérique. Que pensez-vous du livre électronique ? Peut-il progressivement supprimer le livre papier ?

Papier ou numérique, l’œuvre reste la même, et elle seule compte. Cela dit, le travail de l’éditeur, c’est d’amener l’œuvre jusqu’au plus grand nombre de lecteurs possible. Alors je ne vois pas comment on pourrait se priver des lecteurs qui lisent en numérique. Pour répondre plus précisément à votre question, je pense que le livre papier ne va pas disparaître.  Toutes les tendances montrent que les lecteurs qui achètent des livres en numérique continuent à acheter des livres papier, et du coup achètent plutôt plus de livres. Mais, ce qui est probable, c’est que sur 100 livres achetés il y aura un jour 20 livres numériques, et comme le numérique est moins cher, c’est tout l’équilibre du secteur qui va en être modifié. A suivre : nul ne sait quand ce jour viendra ! Je trouve plus inquiétant l’effritement du goût pour la lecture et du temps passé à lire chez les jeunes. Il faut absolument trouver le moyen qu’ils continuent à lire, qu’ils passent de la lecture « obligatoire » de l’âge scolaire à la lecture loisirs de l’âge adulte. Mais la création, l’écriture, elle, va très bien, est même en plein essor, et tant qu’il y aura des auteurs…

Question 5 : Des nœuds d’acier est un livre choquant, puissant, cruel… Puis-je avoir votre avis sur cette œuvre unique ?

Ce premier roman m’a  happée parce qu’il n’y a pas d’issue pour le héros.  Un engrenage inexorable mène à une situation à la fois horrible et absurde, on se croirait dans un cauchemar, mais si réel, si vraisemblable, juste décalé d’un tout petit degré par rapport à ce qu’on a pu voir d’affreux dans les faits divers quotidiens. Le personnage principal, aussi endurci par la vie soit-il, est tombé sur plus dur que lui. Tout ça avec une écriture précise, nette, qui n’entre jamais dans le démonstratif, qui fait peu de concessions au confort du lecteur : il n’est pas consolé par une fin heureuse. Je pense que Sandrine Collette a beaucoup de talent, et qu’elle va compter dans le monde du thriller.

Question 6 : La série littéraire des auteurs Florian Lafani et Gautier Renault, Trouble(s), dont la saison une est achevée, est, il me semble, prévue au format poche très prochainement. Une seconde saison est-elle prévue ?

En effet, la version intégrale de Trouble[s], un « thriller en série » paru en sept épisodes, va être publiée en poche au mois de juin : j’en suis heureuse pour les auteurs, car ce sont les premiers Français lancés dans la nouvelle collection du Livre de poche, qui s’est enthousiasmé pour eux. Deux très bons éditeurs en Allemagne et en Italie ont déjà acheté les droits, il va paraître dès cet été en Italie. La deuxième saison est bien sûr prévue en 2015, les auteurs y travaillent d’arrache-pied !

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Question 7 : Trouble(s) se démarque des autres séries littéraire par son modernisme et son écriture vive. Facebook est effectivement un sujet d’actualité. C’est aussi ça Les éditions de l’épée ? Parler du déraillement de la modernité ?

En tout cas, c’est ce qui m’a plu dans ce roman. Un parfait inconnu prend le pouvoir à travers les réseaux sociaux, en exploitant à la fois les travers de la société médiatique et les travers des hommes. On est alors, en tant que lecteur, obligé de se poser la question : et moi, qu’aurais-je fait dans une telle situation ? Est-ce que j’aurais voté pour sauver un homme, sachant que je participais ainsi à condamner les autres ? Ou est-ce que j’aurais résisté ? Refusé d’entrer dans ce dérapage ? Sur la forme et sur le fond, c’est très différent du roman de Sandrine Collette dont nous venons de parler, mais il y a un point commun : si on pousse un tout petit peu le curseur de la société actuelle, on arriverait très facilement à une telle situation.

Question 8 : Le thriller occupe une place importante dans votre catalogue. Pourquoi?

Par goût personnel. J’en lis beaucoup, depuis toujours. C’est quasiment toujours à cause d’un thriller que je lis jusqu’à deux heures du matin quand j’avais prévu un sage minuit. Je me souviens de la nuit (blanche, celle-là !) où j’ai lu Simetierre, de celle où j’ai découvert Un dernier verre avant la guerre, de l’été où James Lee Burke est entré dans ma vie de lectrice. Bref, j’adore ça.

Question 9 : Qu’est-ce qu’un grand livre pour vous ?

Difficile question. Un livre qui vous accompagne tout le reste de votre vie, non ?

Question 10 : Quel grand livre auriez-vous aimé publier ?

Sans hésiter, Beloved de Toni Morrison.

Question 11 : Merci d’avoir répondu à cette interview. Avant de nous quitter, une dernière pour la route. Que puis-je vous souhaiter de mieux pour les années à venir ?

Une découverte par an !

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  • Vous voilà dans "Au-delà du mal" le blog des thrillers. Je suis chroniqueur sur le web et dans un journal, Le petit impertinent, diffusé dans tout le Golf de St-Tropez. Pour me rejoindre sur facebook: https://www.facebook.com/mickael.ferriz.3?ref=tn_tnmn
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