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Au-delà du mal, le blog des thrillers.
27 mars 2014

INTERVIEW EXCLUSIVE de Laurent Bettoni

INTERVIEW EXCLUSIVE DE LAURENT BETTONI

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Laurent Bettoni est l’auteur de romans remarqués tels que Ma place au paradis (chez Robert Laffont), Ecran totalLes corps terrestres. Mais il est aussi auteur pour la jeunesse, éditeur, chroniqueur littéraire, et j’en passe. Son prochain livre, Le repentir, un roman classé « thriller », chez Marabout, sortira le 16 avril 2014 en librairie. Pour l’occasion, Laurent a eu la gentillesse de nous offrir cette interview complète qui nous en apprendra beaucoup sur lui et son métier d’écrivain.


 

Question 1 : Bonjour Laurent, et merci d’avoir accepté de répondre à cette interview. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Merci à vous de m'avoir invité. Je suis avant tout auteur, mais aussi éditeur et chroniqueur littéraire. Mon parcours d'auteur est assez riche en expériences, et il commence à l'être en titres, à présent. Riche en expériences, car je suis publié à la fois chez des éditeurs dits traditionnels (Robert Laffont, Don Quichotte, La Bourdonnaye et Marabout dans la collection de polars et thrillers "Marabooks") et en auteur indé. Ce qui totalise 10 titres tout rond, plus 2 en cours d'écriture. J'aime dire que j'écris de la littérature grise, car il y a toujours un mélange de noir et de blanche, dans mes livres. Comme dans la vie, où tout n'est jamais tout noir ni jamais tout blanc. Je m'intéresse à l'âme humaine et à ses maux, à sa noirceur et à sa luminosité, à ses contradictions. Il n'est pas facile de faire avec ni de les assumer, et je trouve assez touchants nos efforts, à nous les humains, pour essayer de nous en sortir avec ce que nous avons. Donc, bien que mon regard sur l'homme soit parfois sévère, il reste toujours bienveillant, et je m'inclus bien sûr dans ces êtres imparfaits mais désireux de bien faire que je décris. J'aime bien placer des gens ordinaires dans des situations extraordinaires et les regarder se débrouiller avec les moyens du bord. Un peu sadique, hein ?

Je suis également responsable éditorial chez La Bourdonnaye et je chronique pour Service littéraire, La Cause littéraire et IDBOOX. Mon activité d'éditeur m'apparaît comme une vraie surprise. Avant d'accepter cette proposition, je me suis longtemps interrogé sur ma capacité à ne pas être jaloux en tombant sur de bons textes, sur ma capacité à vouloir les mettre en lumière, et sur ma générosité à consacrer du temps à d'autres que je pourrais considérer comme des rivaux. Mes inquiétudes ont été balayées dès que j'ai eu mon premier bon manuscrit entre les mains. J'étais comme un gosse qui découvre un jouet merveilleux, et je crois que les auteurs dont je m'occupe sont heureux d'avoir un des leurs comme interlocuteur. Car je les comprends, je parle leur langue, je connais leurs angoisses et leurs attentes.

« On m'a souvent reproché d'être inclassable, ce qui pour moi a toujours été un compliment… »

Question 2 : Vous avez écrit pour les jeunes, pour les adultes. Dans lequel de ces deux domaines prenez-vous plus de plaisir ?

Le plaisir est différent dans les deux domaines, mais tout aussi intense. Pour les adultes, je peux débrider mon style, jouer sur tous les registres de langue, aborder tous le sujets, ne m'imposer aucune limite. Je peux expérimenter. Pour les "grands", j'écris donc plutôt des choses funky, non politiquement correctes, subversives, voire trash. C'est probablement là que je prends mon plus grand plaisir d'auteur.

En jeunesse, je retrouve mon âme d'enfant épris d'aventure, de mystère, de péripéties, de danger, d'intrigue. La construction de l'histoire revêt une importance essentielle. L'écriture est jubilatoire, c'est du divertissement, de l’Entertainment, ce qui n'exclut pas la réflexion. Je crois qu'Arthus Bayard et Les Maîtres du temps amène à se poser des questions et apprend peut-être aux lecteurs deux, trois petites choses au passage. C'est probablement en jeunesse que je prends mon plus grand plaisir de storyteller, de scénariste.

Au fond, c'est un bel équilibre que m’apporte l'un et l'autre genre de littérature.

Question 3 : Je vous ai découvert dans un ouvrage glaçant, presque dérangeant, Les corps terrestres. Dans quel genre classeriez-vous ce livre ?

Ah, le genre… Il est vrai que je ne suis pas forcément un cadeau pour un éditeur, en la matière. On m'a souvent reproché d'être inclassable, ce qui pour moi a toujours été un compliment, mais qui pour mes interlocuteurs a toujours été tout le contraire. En fait, je ne comprends pas le problème, car je considère qu'il n'y a que deux genres : la  littérature et la non-littérature (essais, documents, ouvrages techniques, guides, dictionnaires, etc.). Alors je classe Les Corps terrestres dans la littérature.

En deux mots, c'est l'histoire de ce qui se passe quand les sentiments et le sexe sont dissociés au sein d'un couple. Ce qui fait inévitablement apparaître une sorte de trinité. Les Corps terrestres raconte l'histoire d'un homme qui est une véritable machine sexuelle avec sa femme, qu'il n'aime plus depuis des années et qui a fait de lui son esclave, son objet, tandis qu'il ne parvient pas à avoir la moindre érection avec celle qu'il aime et pour laquelle il quitte sa femme. Comme le sexe est extrême, dans ce récit, mes mots le sont aussi, ce qui a choqué quelques lecteurs. Ils ne se sont pas privés pour le dire dans des commentaires assassins, pourtant j'annonce la couleur dans ma présentation du livre. Les Corps terrestres est un livre pour adultes avertis et consentants, je préviens d'entrée de jeu. Je ne fais pas de la pornographie gratuitement, contrairement à ce que quelques-uns m'ont reproché, avec plus ou moins de bonne foi. Ici, la forme sert le fond, selon moi. Heureusement, mon intention a été comprise par la majorité des lecteurs, essentiellement des jeunes femmes, d'ailleurs… Et vous, Mickaël. Il est assez rare de rencontrer un homme à l'aise avec le sexe, en littérature, j'ignore pourquoi. Surtout quand on aborde l'impuissance masculine et la soumission d'un homme devant une femme. Les clichés ont la peau dure.

« Je me mets devant mon ordinateur tous les matins, le plus tôt possible, jusqu'à 13 heures. Je travaille dans le silence, perché dans les arbres. »

Question 4 : En dehors de vos autres livres, il y a eu une série littéraire, Les Costello, une série mordante, parue chez La Bourdonnaye. Ce fut un défi ? Un rendez-vous régulier avec vos lecteurs ?

J'ai créé cette série en même temps que la collection "Pulp", dans laquelle elle s'inscrit. Le principe est de proposer des séries littéraires conçues comme des séries télé, avec des personnages récurrents, des histoires feuilletonnantes, des épisodes courts (15 à 20 minutes de lecture) et un ton décalé. C'est un joyeux mélange des feuilletons littéraires français des XIXe et XXe siècles et des Pulp magazines américains.

Les Costello raconte les déboires d'une famille de vampires vivant aujourd'hui et essayant de s'intégrer à notre société humaine, de se fondre dans le décor, comme toute minorité. Ce sont de pauvres losers qui vivent d'arnaques minables et de bricole – ils sont déménageurs-brocanteurs –, en attendant de pouvoir rejoindre leur sanctuaire de la Nécropole, avec les autres démons.

La collection "Pulp" n'est pas un défi mais une nécessité. Les gens n'ont plus beaucoup le temps ni le loisir de lire durant de longues plages horaires. Alors leur proposer des formats de 20 minutes correspond simplement à leur mode de vie. Chaque saison contient 6 épisodes, à lire à l'unité ou dans une intégrale, qui existe en numérique et en papier. Aujourd'hui "Pulp" compte 4 séries, et 5 nouvelles séries seront publiées à court terme. Sans compter les saisons 2 des premières séries. Les Costello et les autres sont donc un véritable rendez-vous avec les lecteurs. Et, chez La Bourdonnaye, nous espérions encore plein de séries.

Question 5 : Quand écrivez-vous ? Début de journée ? Fin de journée ? Et dans quelles conditions ? Papier ? Ordinateur ? On veut tout savoir.

Avant de passer à la phase d'écriture, je consacre beaucoup de temps à la construction de l'histoire et des personnages, ainsi qu'à la recherche de documentation parfois. Ensuite, quand j'écris, je suis un vrai bureaucrate. Je me mets devant mon ordinateur tous les matins, le plus tôt possible, jusqu'à 13 heures. Je travaille dans le silence, perché dans les arbres. J'ai installé mon bureau dans la pièce la plus haute de la maison, qui possède une façade de 8 mètres entièrement vitrée et qui culmine au niveau de la cime des arbres de mon jardin et des jardins avoisinants. Je produis peu, environ 3 pages par jour, mais elles sont définitives, relues, corrigées, remaniées avant que je passe à la suite le lendemain. Je suis totalement incapable de pondre un premier jet et de le retravailler.

Question 7 : Comment expliquez-vous le succès des livres comme Ecran total et Les corps terrestres, pour n’en citer que deux ?

Les lecteurs qui apprécient mes livres parlent tous d'une grande fluidité de lecture et de récits solidement construits. Et je crois aussi que mes personnages sont très humains et qu'ils parlent aux autres humains.

Question 8 : Quelles sont vos influences littéraires ?

Je suis fan de Céline, Frédéric Dard, Michel Houellebecq, Philippe Djian d'avant Gallimard, Tennessee Williams, Raymond Carver, Henry Miller, Ernest Hemingway, John Steinbeck, Charles Bukowski, Bret Easton Ellis, Jay McInerney, Chuck Palahniuk. J'aime aussi des classiques : Molière, Shakespeare, Hugo, Dumas, Rabelais, Jules Verne. Et tant d'autres, passés et à venir, j'espère.

Question 9 : Quel livre auriez-vous aimé écrire, et pourquoi ?

Sans aucune hésitation, Voyage au bout de la nuit de Céline. Ce livre a simplement révolutionné et chamboulé la littérature française. Il l'a réinventée. Depuis Céline, tout le monde cherche à écrire comme lui, dans cette langue à la fois littéraire et parlée si unique, si merveilleusement maîtrisée par son créateur et par lui seul. Car Céline a accompli le travail que doit accomplir tout auteur et il l'a accompli mieux que tout auteur : trouver sa voix. Vouloir faire pareil que lui se révèle donc par trop casse-gueule. Et aujourd'hui, c'est en plus une erreur. Car le langage parlé, le langage populaire, a évolué, il est en perpétuelle mutation. Il faut donc trouver un autre ton, un autre vocabulaire.

Question 10 : Nous y voilà. Le repentir, un thriller, sortira en poche chez Marabout, le 16 avril. Le quatrième de couverture est alléchant. Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ce livre. Pourquoi un thriller ?

Attention, là encore il s'agit d'un trompe-l’œil. Le Repentir est estampillé "thriller", car il a bien fallu, par commodité, lui coller une étiquette. Alors comme il y a une disparition puis une double enquête, on lui a collé l'étiquette thriller. Mais vous verra qu'il y aussi autre chose. Toujours du noir et de la blanche.

Dans ce livre, un homme se lance à la recherche de sa femme, mystérieusement disparue au cours d'un week-end qu'elle passait avec son amant. D'instinct, l'homme trompé part à la recherche de cet amant. Mais la police, en la personne d'une analyste comportementale dont c'est la première enquête, décide d'enquêter sur le passé de la disparue, victime des pires horreurs lorsqu'elle était enfant. Deux inexpérimentés pour une traque au bout de l'enfer, qu'est-ce que ça peut donner ? Réponse le 16 avril 2014, chez tous les bons libraires…

Merci encore Laurent d’avoir répondu à cette interview. Je vous souhaite un avenir littéraire plein de livres.  


 

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"Dernier week-end de juin. Par un message téléphonique, Alice Laroche prévient son mari, Stéphane, qu’elle a décidé de le quitter et qu’elle passe deux jours avec un autre homme. Elle lui promet aussi qu’ils auront une explication lorsqu’elle reviendra pour emporter ses affaires. Mais Alice ne rentrera jamais de cette escapade amoureuse. Elle disparaît purement et simplement de la surface de la Terre. Les mois s’écoulent. Lassé par l’inefficacité de la police, Stéphane Laroche débarque au Quai des Orfèvres pour faire un esclandre. La Crime se résout alors à mettre sur le coup Noé Mancini, dont c’est la première mission, et dont les méthodes d’analyste comportementale sont loin de remporter l’unanimité dans l’équipe. Alors que Mancini explore le passé d’Alice, Laroche, lui, recherche l’amant de sa femme. Ce duo inexpérimenté peut-il s’en sortir, et à quel prix, dans ce jeu de pistes, d’abord divergentes puis qui finiront par se croiser, quelque part entre l’enfer et… l’enfer ?"

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